ÉVOCATION

O s’il est vrai que dans la nuit
Lorsque dorment tous les vivants
Et que les rayons de la lune
Glissent sur les dalles des morts,
O s’il est vrai qu’à ces instants
Les tombeaux  sont abandonnés,
Leïla, j’invoque ton ombre,
Viens, ma douce, viens près de moi.

Ombre de ce que j’ai aimé,
Sois comme ta dernière image,
Livide comme un jour d’hiver,
Défigurée par la souffrance.
Parais, que tu sois une voix,
Un souffle, une étoile lointaine,
Une horreur qui glace le sang,
Peu m’importe. Viens près de moi.

Si je t’appelle, ce n’est pas
Pour punir ceux qui ont tué
Méchamment celle que j’aimais,
Ni pour que la tombe révèle
Son secret, parce que parfois
Le doute est trop fort… Dans l’angoisse,
Je veux te dire que je t’aime.
Je suis à toi. Viens près de moi.